AFX [Aphex Twin] - Chosen Lords [Rephlex / La Baleine]

27-10-2006 à 12:28:15
Figure tutélaire de la musique électronique Richard D. James aka Aphex Twin revient enfin sur le devant de la scène. Au programme, une sélection toute personnelle du meilleur de ses douze Analord parus l’an dernier sur son label Rephlex.

Sous le pseudo Aphex Twin - et bien d’autres - Richard D. James fut longtemps le petit prince du courant IDM (comprendre Intelligente Dance Music) des 90’s, ce que l’on appelera plus tard - et de manière générique en ce qui concerne les musiques électroniques non-dansantes - l’electronica. Son album de 1996, le Richard D. James Album, fait même l’objet d’un véritable culte chez les amateurs et son univers tordu, savamment mis en images par Chris Cunningham, est sans conteste l’un des plus singulier de la sphère électronique.

Au vu de ce patrimoine et des attentes qu’il suscite forcément chez les fans hardcore du bonhomme - sans compter la pression certainement difficile à gérer par l’intéressé - il était difficile de savoir à quoi s’attendre avec cette nouvelle parution. Ma foi, Chosen Lords étant une sélection raisonné des meilleurs tracks tirés des 12 EP’s d’Analord, édités respectivement entre janvier et juin 2005, l’auditeur avisé, celui qui connaît les morceaux, risque d’y laisser son enthousiasme, n’y trouvant nul nouveauté. Quant à l’autre, celui qui n’aura pas eu la chance d’écouter toute la série, ou qui découvre par hasard l’œuvre pléthorique de ce mutant électronique, il aura l’aubaine de découvrir toute l’étendue de ce talent hors-normes.

Car à l’écoute de Chosen Lords, la chose s’impose une nouvelle fois comme une évidence : même s’il s’agit toujours un peu de "faire du neuf avec du vieux", Aphex Twin se place infailliblement dans le peloton de tête des créateurs électroniques contemporains. Ici, rien n’est simple. Pourtant, la complexité des enchaînements rythmiques et mélodiques ne surpasse jamais l’émerveillement que l’on éprouve à leur écoute. En un mot, la technique imparable de l’artiste n’est jamais gratuite, il ne s’agit pas d’esbroufe. Sur Chosen Lords en effet, tout est mis au service de l’auditeur, dans un véritable panorama vertical de l’histoire des musiques électroniques de ces 20 dernières années.

Entre mélodies analogiques, nappes mélancoliques et sons de clavecins grincants en arrière plan ("Cilonen"), réminiscences acides ("Reunion 2", "Boxing Day", "Crying in your Face") ou booty bass à la sauce braindance ("Pitcard") on sent bien que la crise breakcore est enfin passée ("Fenix Funk 5").

Généralement ultra dynamique et subtilement décalé, Aphex Twin nous emmène loin (très loin !) de la musique formaté electronica ou des autres (voir l’ultra expérimentale piste de conclusion : "XMD 5a", proche de l’acousmatique et de ses recherches) avec même quelques dérapages, comme cette incursion dancefloor particulièrement peu originale (un "PWsteal.Ldpinch" au gros pied). Au final, même si certain reprocheront à Aphex Twin de "faire de l’Aphex Twin", Chosen Lords reste un grand album, peut-être pas un chef-d’œuvre d’inattendu, mais bel est bien une nouvelle pièce de choix, à verser au dossier du maître.

Source : http://www.fluctuat.net
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