Pour la première fois, l'Observatoire des drogues et toxicomanies dresse le portrait type du consommateur.
Qui sont les jeunes « accros » au cannabis ? Pour la première fois depuis la création en février 2005 du réseau de « consultations cannabis », une photographie de ce public a été présentée hier par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Les consommateurs accueillis dans ces centres anonymes et gratuits sont des garçons à 80 %. Ils sont âgés de 14 à 25 ans (avec une moyenne d'âge de 21 ans). Un quart d'entre eux sont mineurs (1 % ont même moins de treize ans).
Ils viennent, le plus souvent, accompagnés d'un membre de leur entourage (une femme dans 68 % des cas). Un tiers des adolescents ont été incités à consulter par un proche, tandis qu'un autre sont venus consulter de manière spontanée. Quelque 38 % d'entre eux ont encore été adressés par la justice. Dans tous les cas, le motif de la consultation est une consommation élevée de cannabis : 45 % de ces adolescents déclarent fumer tous les jours, et 20 % régulièrement. Tous les autres sont des usagers occasionnels, ayant consommé moins de dix fois dans le mois. À l'issue de la consultation, plus du tiers de ces jeunes patients seront diagnostiqués comme « dépendants ».
«Expérimentation précoce» du produit
« Ils se distinguent par une expérimentation précoce du produit. À 14 ans et demi, en moyenne », relève Ivana Obradovic, auteur de l'étude. Or, plus le cannabis a été essayé tôt, plus sa consommation actuelle est régulière. Autre point approfondi par l'OFDT : la prise de cannabis est souvent associée au tabac et à l'alcool. 90 % des patients sont des fumeurs quotidiens de cigarettes et 20 % boivent régulièrement de l'alcool.
In fine, les consultations cannabis ont bien « ciblé » leur public, affirme l'auteur de l'étude. Elles ont vu défiler 15 200 consommateurs en un an. Ceux-ci ont fait l'objet de deux consultations en moyenne. Mais la moitié des patients, orientés vers des groupes de parole ou des points écoute, ne seront venus qu'une fois. Environ 30 % abandonnent après une première prise de contact. Une proportion jugée malgré tout « plutôt satisfaisante » dans ce domaine où beaucoup renoncent très vite d'ordinaire.
L'objectif assigné par le ministère de la Santé aux 280 consultations est d'informer les consommateurs et de proposer des conseils personnalisés aux usagers à risques. « On voulait ouvrir des lieux où les jeunes pourraient exprimer sans honte leur problème avec le cannabis, et soutenir les parents, souligne Didier Jayle, président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie. On n'est pas là pour jouer les moralisateurs mais pour dire que le cannabis n'est pas anodin. »
Le cannabis est le produit psychoactif illicite le plus consommé en France. Il touche particulièrement les jeunes : 15 % des garçons et 6 % des filles fument régulièrement des joints à l'âge de 17 ans - selon l'enquête Escapad publiée en septembre dernier par l'OFDT. Pour la première fois depuis sa création il y a six ans, cette étude avait rapporté une bonne nouvelle : la consommation de cannabis chez les jeunes n'augmente plus.
Source / le Figaro du 27/10/2006
[glow]" La rumeur naît de la publicité faite autour d'un bruit localisé "[/glow]
