INFOS - Un portrait des fumeurs de cannabis

08-11-2006 à 10:08:32
Source : Le Monde

Qui sont les jeunes fumeurs de cannabis dont la consommation est problématique ? Comment le dispositif de soins répond-il aux problèmes de dépendance auxquels ils sont confrontés ?

Pour la première fois depuis la mise en place, en 2005, de 280 consultations cannabis sur tout le territoire, une étude de l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), rendue publique jeudi 26 octobre, dresse le profil des personnes qui y sont adressées : par comparaison avec les jeunes usagers de cannabis en population générale, ceux qui consultent sont majoritairement des garçons de moins de 25 ans, pour la plupart consommateurs réguliers ou quotidiens de cannabis. Plus du tiers d'entre eux ont fait l'objet d'un diagnostic de dépendance.

Créées dans le cadre du plan gouvernemental 2004-2008 de lutte contre les drogues illicites, les "consultations de diagnostic de situation" sont destinées aux jeunes usagers de cannabis afin d'évaluer leur consommation et leur offrir, si nécessaire, une prise en charge thérapeutique.

De mars 2005 à février 2006, elles ont accueilli 15 200 consommateurs et quelque 12 400 personnes de leur entourage. 80 % de ces usagers, dont la moyenne d'âge est de 21 ans et 2 mois, sont des garçons.

Un quart d'entre eux sont mineurs, et moins de 1 % de l'ensemble a moins de 13 ans. Les consultations cannabis attirent également un public plus âgé : 13 % de l'échantillon étudié a plus de 25 ans, un consultant ayant 59 ans.

Les niveaux de consommation annoncés sont élevés : 45 % des jeunes déclarent un usage quotidien (parmi eux, 53 % fument au moins 5 joints par jour), 20 % font état d'une consommation régulière (10 à 29 fois par mois) et 35 % sont des usagers occasionnels (10 prises par mois).

Parmi l'ensemble des consommateurs, plus du tiers sont déclarés dépendants au produit, cette proportion croissant avec l'âge (80 % des fumeurs de 29 à 34 ans). En moyenne, ces jeunes ont expérimenté le produit à 14,5 ans. L'étude démontre que plus le cannabis a été expérimenté jeune, plus la fréquence d'usage actuelle est régulière. Les raisons de consulter sont différentes selon le sexe : 40 % des garçons sont adressés par orientation judiciaire, 30 % viennent sur sollicitation d'un tiers et 30 % se présentent spontanément.

Chez les filles au contraire, les demandes spontanées arrivent en tête, avec 41 %. Les jeunes ayant consulté présentent les consommations les plus problématiques. En revanche, ce sont les jeunes adressés par la justice qui présentent les diagnostics de dépendance le moins important.

En moyenne, la prise en charge se déroule sur deux consultations, mais le nombre de séances varie selon la gravité de l'usage. Les consommateurs qui font l'objet d'un diagnostic alarmant sont invités à poursuivre la prise en charge ou orientés vers une structure spécialisée.

Pour Didier Jayle, président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) et initiateur des consultations cannabis, l'étude de l'OFDT démontre la validité du dispositif.

"Il n'y avait pas de lieu identifié jusqu'alors pour la prise en charge du cannabis destiné à la fois aux jeunes et à leurs parents, explique-t-il. Les consultations touchent vraiment leur cible, les jeunes qui ont un problème de dépendance et démontrent qu'il était important de changer les représentations sur le cannabis."
[glow]" La rumeur naît de la publicité faite autour d'un bruit localisé "[/glow]